Artistes et techniciens
intermittents du spectacle sont en lutte. Depuis 10 ans, ils cherchent et
proposent des solutions justes de réforme de leur système d’assurance chômage.
Mais depuis 10 ans ils ne sont pas écoutés malgré de nombreuses promesses.
Quand tant de surdité et de mépris règnent et quand le dialogue social est
évité, ils sont obligés d’utiliser différents moyens d’actions : les
manifestations, les actions « coup de poing », la prise de parole,
auprès de spectateurs, qu'ils espèrent pédagogique, ou la grève. Oui parfois,
la mort dans l’âme, ils ne jouent pas. Les spectateurs leur demandent
« mais pourquoi vous ne jouez pas ? ». Paradoxalement, le
silence qu'ils font régner dans certains festivals permet de les faire entendre,
ainsi que l’impact économique qui en découle. Mais s'ils en viennent à ne pas
faire ce qui leur tient tant à cœur, jouer, c’est d’abord parce qu'ils se battent contre la casse des droits sociaux et contre la précarité généralisée.
Ce qu'ils défendent, ils le défendent pour tous. En Allemagne, en Grèce, en
Espagne, en Italie, le processus européen de démantèlement de l’assurance
chômage et de précarisation des salariés est déjà en place. En France, il est
en cours avec la dernière réforme de la convention de l’assurance chômage
signée le 22 mars 2014. Les annexes 8 et 10 concernant l’intermittence et
l’annexe 4 concernant l’intérim ont été sévèrement et volontairement mises à
mal. Pourquoi ? Parce que la discontinuité de l’emploi est intrinsèque à ces activités et que le MEDEF ne souhaite pas faire de ces spécificités
d’assurance chômage un modèle. Or la discontinuité de l’emploi est une réalité
qui gagne tous les secteurs d’activité : 86% des embauches aujourd’hui se
font en CDD.
Alors ne vous trompez pas, notre avenir
à tous, voulu par le MEDEF est d’être obligés d’accepter n’importe quel petit
boulot à n’importe quel prix. Cela vous concerne aussi. Fini le donnant-donnant, contre la flexibilité, des droits sociaux. Et il ne s’agit pas
d’un avenir lointain, souvenez-vous « le changement c’est
maintenant ». Et le changement est : contre la flexibilité, la précarité.
Une dernière chose, si les
intermittents du spectacle sont obligés d’accepter n’importe quel petit
boulot à n’importe quel prix, cela aura des conséquences sur l’offre
culturelle. Pendant qu'ils travailleront en tant que caissier, ils ne
créeront pas. Pendant qu'ils feront des animations en supermarché pour vendre
des boites de céréales, ils ne répèteront pas. S'ils n'ont pas le temps de
créer et de répéter, la diversité de propositions de spectacles qui existe, ne
pourra plus exister.
Réfléchissez y, discutez-en avec eux, entre vous. Ne vous trompez pas.
Je soutiens la lutte des intermittents.
Je suis auteure de théâtre, je crée des spectacles avec des intermittents.
Je suis auteure, je n'oublie pas qu'être auteur c'est souvent être précaire et qu'une plus grande précarisation des auteurs est à l’œuvre avec la réforme du RAAP.
Je suis auteure, je n'oublie pas qu'être auteur c'est souvent être précaire et qu'une plus grande précarisation des auteurs est à l’œuvre avec la réforme du RAAP.
Je suis citoyenne, je ne veux pas de la société que l'on souhaite nous imposer : une société sans culture et des travailleurs corvéables à merci, avec pour récompense de leur flexibilité, la précarité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire