Installations et parcours sonores

Avec La Chose Publique : Hocine Chabira et Till Sujet

MUSEE PLEIN CHAMP avec la Communauté de Communes du Chardon Lorrain (54). L'idée est de se balader sur les sites qui ont été le théâtre de la guerre de 1870. Cette visite s'accompagne par l'écoute d'une fiction que j'ai écrite (à écouter sur son smartphone). Vous pouvez entendre le début ici :
http://audioblog.arteradio.com/LaChosePublique/frontUser.do?method=getHomePage

LES VISITES INSOLITES de Gondrecourt Le Château, Nettancourt, Treveray, Tourailles-sous-Bois, Quartier du Breuil (Commercy), St Joire, Bonnet, Mauvages, Demange-aux-eaux

DANS LA MICHELINE, moi ce que je préférais c’était le bringuebalement. Tout le monde sautillait sur son siège rembourré au rythme du frémissement de la Micheline. Tout le monde sautillait, les seins des femmes aussi.

« La Chose Publique met ses visiteurs sous casques pour délivrer une autre version du village, à voir avec les tympans »
« Ecoutez les histoires qui sont racontées, vraies ou fausses, vraies et fausses »

TU VILLES ? MOI AUSSI
Installation sonore en ville

J’AI HABITE au rez-de-chaussée surélevé d’un immeuble de 5 étages, un logement dont la baie vitrée surplombait un carrefour qui, selon mon propriétaire, donnait envie de choisir une direction. Et justement je me sentais à un moment où je devais choisir une direction, pour ma propre vie. La suite me donna raison quand je fis la découverte suivante : grâce à cet appartement j’avais trouvé le maître à penser que je cherchais depuis longtemps, celui qui était capable de faire des choix à ma place : le feu tricolore. Ses lumières envahissaient ma pièce à vivre et pouvaient déterminer tous mes actes. Si le téléphone sonnait alors que le rouge dominait dans la pièce je ne répondais pas. Si par contre c’était le vert, je décrochais avec un sentiment de grande liberté et d’autorisation supérieure. Je ne faisais cuire mes œufs au plat que si la lumière verte touchait ma plaque électrique. Je n’ouvrais pas mon frigo si le rouge le frappait…

« Comment représenter la ville par l'écoute de petites histoires, nouvelles sonores aux textes ciselés, drôles et mélancoliques, installées en une dizaine de points-douches sous lesquels le promeneur s'arrête et organise son cheminement à son gré. »

REPRESENTATIONS : Chalon dans la rue, Festival Renaissances à Bar-le-Duc, Festival Parade(s) à Nanterre, Esh-sur-Alzette

JULES BASTIEN-LEPAGE, parcours sonore au Centre mondial de la paix à Verdun, rétrospective du peintre

JE SUIS UN HOMME, un homme question. J’interroge ce qu’il reste d’une vie.
J’interroge ta peau. Ta peau écorce d’arbre. Flétrie, ridée. Presque grise. Parcourue par tant d’histoires. Tes lèvres et ce qu’elles connaissent comme naufrage, tes joues et ce qu’elles connaissent comme solitude, ton cou et ce qu’il connaît comme confidences, ton front et ce qu’il connaît comme trahisons. Ce qui pèse sur tes épaules. Ce qui frissonne dans ton dos. Les échos d’amour. Ton corps comme terre d’accueil, terre d’exil, refuge, rempart, tranchée. J’essaie d’en deviner la mémoire, de déloger ce qui a trouvé refuge dans les pleins et les déliés de ton corps. Le temps qui passe, qui laisse des traces, un corps en braille.

BAR-LE-DUC RACONTE L’ARRIERE FRONT, parcours sonore dans la ville de Bar-le-Duc

CHER LUCIEN,
J’écris « cher Lucien » et par ces mots je deviens
« marraine de guerre » ! Je vous avoue que j’en tremble. Cela me donne tellement d’importance tout à coup ! De l’importance, allez-vous dire, pour qui se prend-elle ? Eh bien votre marraine pense qu’elle est capable de vous préserver des malheurs de la guerre. Vous voyez comme je suis prétentieuse !
Comment vous expliquer ? Je n’avais pas envie de cette guerre comme toute jeune fille. J’avais envie de choses légères, de robes de printemps à fleurs, de vin blanc bien frais à boire en pique-nique, de rires joyeux, de chemins terreux où se promener, de lacs glacés où se baigner ! Futilités ! La guerre est arrivée et la jeune fille a soudain pris conscience que ces belles années ne seraient pas, qu’elle deviendrait sans doute femme avant que d’avoir été cette jeune fille insouciante… Mais je suis de nature entêtée et puisque c’est cela que le destin m’offrait, j’allais aller à la rencontre de cette femme lucide que je devais devenir, la tête haute !
Et voilà qu’une amie me parle des marraines de guerre et voilà que je lis votre annonce si sobre « si vous le vouliez, vous m’écririez à moi… » et voilà que je vous écris « cher Lucien » et voilà que ces mots sont tout comme des fleurs sur une robe de printemps, tout comme du vin blanc dans une gorge sèche, tout comme de l’eau froide sur un corps à demi-nu… Mais je parle sans doute trop de moi et vous, comment allez-vous ?

REGARDS SUR V., installation sonore sur la bataille de Verdun

JE ME SOUVIENS, soudain, j’ai ri.
Et tous m’ont regardé : qu’est-ce qui pouvait être si drôle ici bas, en enfer ? C’est rien, j’ai dit, c’est juste que pendant deux secondes à cause de cette lueur à l'horizon et ces sortes d'éclairs, toutes ces lumières et ce roulement sourd, je me suis cru petit, devant un feu d’artifice… C’est drôle, non ?
Mais personne n’a ri.